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Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
15 août 2017

Dans la lumière grise des jours mêlés, je

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Dans la lumière grise des jours mêlés, je regardais le corps nu endormi à côté de moi. Les lignes dessinées, la peau claire contre la couette blanche. Et cet émerveillement, de le trouver si beau. Mes doigts sur ses bras, son nuque, dans ses cheveux courts et toujours en train de dessiner des arabesques sur son ventre. Cet autre corps que je connais par coeur, qui s'enroule contre le mien sans laisser d'espace. Sans laisser de place. Rien entre nous, son visage dans mon cou comme une tanière qu'il ne quitte plus. Nos mains qui se serrent, nos doigts toujours accrochés. Emmêlés. Indissociés.

Et je repense à ces autres. Ces autres corps, ces autres respirants.

J'ai consommé des gens. J'ai consommé des histoires, j'ai consommé des vivants. Dans ma danse dans l'enfer qui me dévorait. Je dansais pour exister, je dansais pour ressusciter. Je me greffais à d'autres peaux et j'arrivais à cicatriser.

Et un jour, j'étais de nouveau moi. Dans ma nouvelle mue, avec tout ce que l'orage avait transformé, quand j'y étais rentré. Sous les débris, un pas plus assuré et un regard qui restait bien droit.

Mais des années plus tard, des hésitations et des discussions. Ce pays où je ne me sentais pas légitime, puisque mon fantôme y résidait. Des mots pour apaiser, des mots pour rassurer. Une main dans la mienne, ma tête endormie contre celui qui me serrait fort, pour me bercer. Un passeport, des billets, des heures dans les trains à regarder les paysages qui s'étiraient. Des angoisses dans le métro à observer tous les gens qui passaient. Chaque visage, chaque regard, chaque silhouette qui pouvaient lui ressembler.

Et puis.

Lâcher prise.

Desserrer les poings serrés, détendre les mâchoires crispées. Arrêter de mordre mes lèvres, retrouver les pas plus sûrs et avancer. Rire dans les rues et en attendant que le feu passe au vert, s'embrasser. Se foutre du "mind the gap" et sauter par dessus sans trébucher. Fabriquer des nouveaux souvenirs dans tout le pays. Et dans ceux voisins, encore plus jolis. Trinquer dans des pubs tamisés, danser avec Partenaire qui avait un sacré secret à m'avouer. Danser comme avant, ses bras dans mon dos, verrouillés. Et les photos de son amoureux donc, un garçon pour changer. La vie qui s'amuse à battre nos cartes et à toujours m'étonner. Les changements, nos routes qui ne cessent de se créer par elles-mêmes et nous étonner. Nos envies, nos besoins, nos progrès. Les engueulades necessaires contre les systèmes à qui on dit de reculer. Partenaire, moi et mon amoureux à lever nos verres à toutes nos familles qu'on ne laisse plus nous malmener. Stop. C'est assez.

Nos chemins de vies, nos decisions, nos couleurs et la fierté pour nous-même qu'on arrive à afficher. J'aime qui je suis. J'aime ce que je fais. J'aime celui que je suis devenu, et je l'ai mérité. Mes defauts, et surtout bien plus nombreuses, mes qualités. Nos passés, nos gifles. Au propre et au figuré. Nos vies qu'on façonne, nos danses qui nous ont sauvé. Les hommes dans mon lit, et ma silhouette dans les leurs, qui doucement rassemblait ses affaires pour s'échapper. Les troubles alimentaires qui diminuent dans ce cabinet gris où la lumière ne cesse de se refleter. Mes projets d'écriture qui reprennent, qui repoussent, qui éclosent quand je leur laisse enfin l'espace d'exister.

Nos nouveaux-nous tellement plus doux, tellement plus apaisés. La trentaine qui travaille, qui nous rend plus grands et nos colonnes vertébrales bien plus dépliées. J'aime les rides autour de nos yeux, j'aime les griffures de la vie sur nos épidermes malmenés.

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