Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
8 septembre 2019

J'écris de nouveau tous les matins. Trois pages

J'écris de nouveau tous les matins. Trois pages par jour à peu près, pour savoir ce qui flotte dans ma tête. C'est étonnant. C'est rassurant. Je me rabiboche avec mes mots qui ne me demandent pas la permission pour s'écrire. Un peu comme ici. Pas vraiment comme ici. Il y a des métaphores, des rimes. Dans ma tête, c'est joli.Dans ma tête, il y a du rythme. Il y a des allitérations et des figures de style. Dans ma tête, c'est ordonné. C'est précis

Et puis il y a le reste. Tout ce qui n'est pas digéré. Tout ce qui n'est pas résolu. Tout les différents trauma par lesquels je suis passée. Que j'ai vaincu, tout ce qui est derrière moi. Devant moi. Très loin enterré dans le néant. Dans le prochain pas que je fais, sous mes pieds et qui me brûlent quand j'avance. Tout ce que je crois avoir refermé, cadenassé. Et puis, quand je demande comment je vais vraiment, comment je me sens. Dans ma tête, c'est l'enfer. Dans ma tête, tout est renversé. Cassé. Tout est à refaire, tout est à l'envers.

Ça ressort dans mes mots, dans mon écriture automatique. Tout ce qui est cicatrisé. Tout ce qui fait parti du passé. Et puis, pas vraiment. Et puis, pas tout à fait. Ces moments de ma vie qui joue au remonteur de temps. Qui escaladent mon épaule et qui me susurre vraiment, tu croyais qu'on en reparlerai jamais de tout ça. Vraiment. Alors je reprends les armes, je remonte ma garde et tous les matins, je combats ce que j'ai devant moi. Mes dragons et mes démons. Et tant pis s'ils reviennent, et tant pis s'ils sont encore là à la prochaine aube. J'apprends, je corrige, je réfléchis devant ces mots qui arrivent de moi mais que je ne connais pas. Je travaille, un moment à la fois. Je me rassure, je me cajoler, je me console. Je me pardonne. A ceci, à cela. Je m'écris comme j'écrirais des lettres à une amie que j'aime. Tu as fait ce que tu as pu, tu as grandi comme tu pouvais. De travers et avec des manques. Avec tes carences que tu n'as toujours pas rassasié, trente deux ans après. Mais ce n'est pas grave car moi je suis là. Moi je vais prendre soin de toi. Moi je ne laisserait plus personne te faire du mal. Et même si cette personne, c'est toi. Surtout si c'est toi.

Tous les jours, je me bats contre moi, pour arrêter de me faire autant de mal. Je ne me laisse plus le droit. J'ai tracé des limites, des barrières, des frontières. Des barricades. Je monte la garde. Contre toutes les petites voix qui me parlent et qui ont toutes mon timbre. Qui parle toutes avec ma fréquence. Je dis stop, c'est assez. Je dis que ce n'est plus possible, tout ce temps que je passe à me dire des choses que je n'oserai jamais dire à personne. Alors je ne me l'autorise plus non plus. Je refuse. Plus personne ne me fera de mal, et toi non plus. Et si tu me parles mal alors je ne t'écouterais plus non plus. Je ne laisserai plus personne marcher dans mon esprit avec des chaussures mal essuyées. Ces pages du matin, c'est aussi pour apprendre à me connaître et à me tendre la main. Je n'ai plus assez de temps pour le passer à me détester. Tous les matins, je me le répète. Tous les matins, je l'écris dans des phrases que personne ne lira jamais.

Tous les matins, je suis de mon côté.

Publicité
Publicité
Commentaires
M
<3
Répondre
Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
Publicité
Archives
Publicité