Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
8 novembre 2020

A chaque fois, j'oublie. A chaque fois, la vie me

A chaque fois, j'oublie.

A chaque fois, la vie me dévore et j'oublie de venir écrire. Je me fais happer par toutes les distractions que le monde m'apporte. Je fais la pieuvre, je me lance dans mille projets en même temps. Je monte des projets, j'accompagne, j'écris pour d'autres. Je fonctionne pour le collectif et j'oublie mon dedans. Je cours partout et je n'écoute pas. Je fais des tours, des ronds, des cercles qui finissent toujours pareil.

A chaque fois, je reviens ici.

Quand j'ai enfin cet instant de réalisation. Quand j'arrête de courir après la valorisation, le mérite, tout ce qui pourrait combler les failles insatiable de mon égo qui souffre. Je serai toujours cette personne à la silhouette pleine mais pleine de creux. Pleine d'écorchures qui ne seront vraiment cicatrisées. J'aurai toujours cette âme qui boite un peu. Mais qui avance plus sereine. Plus confiante. Les pieds incertains mais les yeux qui voient un peu plus loin.

A chaque fois, je me rappelle.

Qu'il y a quelque chose à l'interieur qui ne demande qu'à être posé. Ecrit. Que tous les mots qui papillonnent dans ma tête attendent simplement d'être attrapés. Couchés sur du papier. Que c'est ce que j'aime le plus faire et que j'oublie pourtant toujours. Concentrée sur ma carrière, mes projets professionnels, je me coupe de ce qui palpite en dedans. Tout ce qui me fait créer des choses à partir du néant.

Cette année pourtant, j'apprends à récupérer du terrain sur moi même. Je crée pour moi. Je dessine, je peinds, je colle. Je me fais la guerre. J'écris des pages et des pages sur mon document de mes pages du matin. Je reprends du terrain sur la mer qui m'innonde quand je ne regarde pas. Quand je ne fais pas attention à moi. Quand je me moule dans un uniforme de bon petit soldat. Tellement efficace, tellement performante. Tellement absente de mon océan qui gronde quand je ne l'écoute pas. Et comme les marées, je reviens vers moi. Je me recentre sur ce que je veux vraiment. Laissez une trace dans le néant. Dans mes carnets, dans mes pages numériques, dans toute cette vie que je me crée. Je laisse une trace de celle que je suis au moment présent. Celle que je ne serai plus demain, celle que je n'étais pas encore le mois précédent.

Je me laisse des messages pour plus tard, pour voir si je me reconnais bien. Dans cette année d'épidémie, de pandemie, regarde qui j'étais quand il fallait des attestations pour sortir du foyer. Regarde qui j'étais à trente trois ans, comme j'arrivais à avancer. Dans ce monde si dur, dans ce terrain rempli de mes rêves éclatés. Mon mariage annulé, mes projets professionnels avortés. Dans ces champs de ruines de ce monde en arrêt. Regarde comme je tenais debout et comme j'ai réussi à avancer. Je me suis trop noyé dans le travail mais je ne suis pas tombée. Regarde comme je me cherche, comme je scrute mon ombre sous tous les rochers. Regarde comme je suis vivante dans ce monde figé. A trente trois ans, regarde tous mes morceaux que j'ai réussi à recoller. Tous mes miroirs fissurés qui me renvoie une silhouette fracturée mais unifiée.

Dans ce monde à l'arrêt, dans cette année particulière qui fait un pont sur toute l'humanité. Je me rappelle que je sais écrire, que je me reconnais. C'était l'un de mes objectifs de ce mois de novembre tout dilué. Revenir écrire ici, écrire des mots qui dépassent mes carnets. Bonne résolution de fin d'année.

Publicité
Publicité
Commentaires
E
Merci de t'être rappelée à ici - à toi-même :) - ça me fait plaisir de pouvoir te lire à nouveau !
Répondre
Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
Publicité
Archives
Publicité