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Il y vient aussi nos ombres que la nuit dissipera
11 septembre 2017

Les heures filent tellement, tellement vite. Un

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Les heures filent tellement, tellement vite. Un moment je donne des cours en expliquant la déclaration des droits de l'homme en langue des signes. les mathématiques en utilisant toutes les couleurs de mon tableau pour faire sens de ces dizaines et ces unités. Le français  en lisant à tour de rôles les dix règles pour bien écrire un journal intime.

Je cours partout. J'insulte la photocopieuse qui ne veut pas imprimer mes pdf. J'insulte la jeune femme au sourire statique et aux dents blanches qui me montre les mouvements à faire dans ces séances de gym par application interposée. J'insulte les automobilistes aussi, mais je signe toujours "pardon" après. J'insulte le chat dans mes jambes, celui qui gratte à la fenêtre pour sortir et en fait non. J'insulte les minutes qui me manquent toujours partout, et qui me font presser le pas où que je sois. Sur le chemin de l'université, entre les bâtiments de mes salles de classe. Entre deux moments de sommeil, quand je ne dors pas.

Heureusement, le reste du temps n'est pas comme ça. On rit en cours de coréen le samedi matin. On lutte, on se regarde les yeux ronds, on ne comprend rien. La prof saute partout, et continue à répéter des mots qui nous font nous sentir étranger. Exactement le but recherché. J'écris au stylet sur mon ordinateur et je répète docilement des sons en souriant de nos têtes effarées. On s'échange des mots avec la prof, on lui apprend "bonjour" "merci" "je t'aime" en langue des signes française, et elle fait de même en langue des signes coréenne. On sort de l'amphithéâtre dans la fac toute vide, et on se frotte les yeux de cette semaine sans fin. Je refuse qu'on me dépose en voiture parce que la musique et mes pas, j'en ai vraiment besoin. Pour évacuer tous ces jours qui s'étirent, qui s'étiolent, qui me font m'endormir en moins d'une minute dans le creux d'une épaule sitôt la lumière éteinte. Qui me malmènent et que pourtant j'aime. Qui me réveillent, qui me motivent, qui me soulèvent et m'épuisent. Cet automne tourbillonant qui n'en est pas encore un, c'est vraiment quelque chose qui me fait du bien. 

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